Et pendant que la chorale chantait de plein Cœur les yeux fermés, l’un d’entre-eux avait le sourire aux lèvres. A la suite de cette séance, le père s’approcha du fils puis lui demanda :
« Fils, pourquoi souriais-tu ? », la main du jeune homme s’approcha du sombre manteau noir, le sourire encore gravé au visage :
« Car c’est ironique mon Père. »Il quitta l’église en laissant l’homme de Dieu plein de questions sur ce que le garçon appelait
« Ironique. »L’Ironie, un mot qui qualifie très bien la triste histoire de Stanislas Dutty.
Mais qu’est-ce qui est plus ironique que l’ironie ? L’ironie à l’intérieur de l’ironie. Un état paradoxalement paradoxale mais, bien sûr, vous lecteur n’y comprenez rien, pas avant d’avoir lu ce qui suivra sous ce paragraphe.
(Ou d’avoir regardé Inception. (Qui d’ailleurs n’a aucun rapport.) )Il est ce genre d'homme, vouloir être invisible mais, remarquer, indécis mais, sait ce qu'il veut, avoir aucune attache mais, veut qu'on lui porte de l'importance. C'est ça Stanislas Dutty. Stanislas le complexe, Stanislas le lunatique, Stanislas l'autiste. Je peux vous sortir tout un vocabulaire mais, là n'est pas l'intérêt.
Doté d’une grande intelligence et d’un puits de sagesse, il s’aventure dans chaque domaine. Sa quête ? Aider sans être aider, savoir sans qu’on le sache. Il peut un jour être un ouvrier d’usine ou neurologue, on ne sait jamais où il sera aujourd’hui ni demain. Un fantôme sans identité fixe, un visage à masque multiple.
Il est difficile de cerner sa personnalité, un soir il sera charmeur et plein de sujet de discussion, le lendemain il sera froid et dur pour terminer en un manager d'un très grand charisme et don de leadership. Il n'y a qu'une seule personne qui connait vraiment son coeur et il lui porte beaucoup d'importance. Ce qui d'ailleurs, fortement humoristique, dévoile en lui un sentiment de possession et donc de jalousie. Simplement car, son coeur est doux et son âme innocente, cherchez à le comprendre et il sera à jamais un soutien fidèle.
Sous son vrai jour, il paraît être un homme ténébreux, laissant passer une aura terrifiante mais :
« Ne vous fiez pas aux apparences. ».
Son corps robuste cache des cicatrices qui n'ont pas guéri depuis l'enfance, la solitude a toujours été sa meilleure amie. Bien sûr, Erja était là pour le soutenir. Elle était si proche mais, paraissait si lointaine. Les autres garçons de son âge ne portaient pas Stanislas dans leur coeur, ceux qui ont tenté ont d'ailleurs fini par le déserter. Beaucoup trop malin pour eux.
A la maison, aucun changement malgré le milieu aisé. Sa mère ne lui portait que peu d’intérêt, l’appelant pour manger point, son père lui était un médecin alcoolique aux rêves brisés et se déchainer en battant son fils. Sans broncher, sans enchanter les coups par des cris mélodieux, il subit sa punition non mérité. Et lorsqu’il montait à sa chambre, le corps douloureux il ne pensait qu’au lendemain.
« Je verrais Erja demain. » se disait-il, lui l’enfant, si pur et si innocent qu’il n’en voulait même pas à ses parents.
Stanislas avait pris pour habitude de s’agenouiller devant la fenêtre, les yeux fermés et les mains scellés l’une à l’autre et prier le bon Dieu.
« Faites qu’elle ne me quitte jamais, elle est la seule lumière que j’ai. » Elle brillait si fortement, si fort que son monde n’était que Jardin d’Eden malgré tout le mal autour de son frêle corps d’enfant. Malheureusement à partir de primaire, ce rayon commençait à s’évanouir. Stanislas. Tu es beaucoup trop intelligent pour ton propre bien.
Il avait remarqué que Erja avait quelques sentiments pour lui mais, s'il lui avait dit oui ou non, dans les deux cas cela aurait été bref et il ne voulait pas que son dernier espoir s’évapore dans les ténèbres. Alors, il est resté neutre et stoïque malgré ses sentiments pour elle.
Et la nuit encore, il s’agenouillait et laissait sortir quelques larmes.
« Je suis tellement lâche. » C’est à partir de ce moment qu’il prit l’habitude de regarder son ombre à la lumière de la Lune. Stanislas pouvait voir de son regard effrayé que son ombre était plus grande qu’elle ne devrait être. Et que chaque jour elle grossissait, encore, encore et encore. Comme si tous ses troubles se cachaient dans son ombre, comme un sac, un coffre-fort.
Et lorsque vers ses seize ans Erja partit, il était si triste, si triste qu’il n’en pleura pas. Qu’il n’en peina pas. Mais, son ombre explosa, comme son cœur. Sa chambre était engloutie dans un noir totale, même lorsqu’on venait frapper à sa porte et l’ouvrait impétueusement, on ne découvrait que le vide des ténèbres.
Il y resta deux, trois jours avant que le noir revient à l’ombre initiale. Ses parents le regardaient avec stupeur, il avait un don, il pouvait manipuler les ombres. A un prix. Son âme. La lumière d’Erja disparaissant a laissé place au vide, au noir ténébreux qui accapara Stanislas.
Il devint vite asociale, ne se préoccupant plus du monde. Il brûla Dieu de sa vie
« Que des mensonges. », Il étudiait, se plongeait dans les livres. Stanislas voulait expier ses péchés dans le dur labeur et oublier.
A l’église il remarqua une chose. La musique calmait son esprit. Il décida donc de s’inscrire à la chorale pour en apprendre plus, il a été un des plus talentueux pendant plusieurs années et est parti s’inscrire au conservatoire à dix-huit ans. Malgré que les gens l’évitent, ils étaient attirés par lui comme un aimant lorsqu’il jouait de la musique. Ses mélodies exprimaient une tristesse unique, portaient une mélancolie jamais connu auparavant.
Un accident de moto arracha pourtant ce rêve, ce dernier espoir. Après ses doigts tordus, voilà une épaule défectueuse. Il décida ce jour-là de devenir tout. Sa coquille est vide ? Il l’a remplira.
Il se mit à lire encore plus de livres, de chaque domaine qui l’intéressait, à prendre des cours particuliers tout en travaillant dans un petit travail pour obtenir de quoi vivre, médecine, ingénierie, pilotage, commerce & finance, art, sport… il touchait à tout et aimer ça. Il est un homme sans identité fixe, un homme doué d’un génie étonnant mais d’une vision du monde peu apprécié. Elle était tellement différente des autres, d'un réalisme, d'un pessimisme mais d'un optimisme. Encore l'ironie de la complexité intérieure de Stanislas. Il déteste son monde, il déteste tout mais, il ne leur en veut pas, il aime l'Homme.
Certains vous diront, ce jeune homme n'est que folie. D'autres vous dirons qu'il est un saint, un martyre.